._#Harmonie-Dream
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 Corps et Âme.

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Nami
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MessageSujet: Corps et Âme.   Corps et Âme. Icon_minitimeDim 29 Avr - 22:53

Sometimes I rush to get right to the end,
I know I'll get to this place when I feel the time is right,
Sometimes I think that I know what I'm all about,
But when I look inside I can see the truth come out.

Les étoiles brillaient au-dessus de sa tête. Il marchait dans une vaste étendue d’herbe, et dans ce ciel nocturne, il ne parvenait pas à voir la Congrégation de l’Ombre, perchée sur son île improbable. Mais elle était là, il le savait. Il la quittait et la retrouvait si souvent, qu’il savait exactement combien de temps il lui restait pour y parvenir. C’était, faute d’autre endroit plus adéquat, sa maison. Il n’avait pas de famille pour laquelle il ferait un détour pour aller voir. Il n’y avait pas de bureau dans sa chambre. Ni feuille ni stylo. Il n’écrivait à personne. Mais cela ne l’attristait pas. Il ne savait même pas quel effet cela faisait d’avoir un proche, quelque part dans le monde alors que lui était coincé ici. Non, tout le monde qu’il connaissait était dans l’exact même lieu que lui. Et il savait que chacun d’entre eux était capable de mourir à n’importe quelle mission, ou n’importe quelle invasion. Il vivait en sachant que les gens autour de lui étaient fragiles et que les liens qu’ils pouvaient tisser entre eux étaient plus délicats encore. Il suffisait d’un rien pour les ébranler, un souffle pour les agiter, un coup pour les briser. Et cela ne l’intéressait pas. En cet instant même, alors qu’il revenait d’une mission en solitaire, aillant laissé derrière lui quelques cadavres de scientifiques introuvables, il faisait honneur à cette parfaite image d’homme solitaire, marchant au beau milieu de la nuit, sans attaches ni remords. Et son visage était serein, car il avait parfaitement confiance en ce qu’il croyait, et en ce qu’il pensait. Seulement il ne se rendait pas compte qu’il commettait ainsi une grande erreur.

Sa mission avait duré quelques jours. Aillant passé la dernière nuit dans une auberge, il avait eu le loisir de dormir un temps soit peu confortablement, et donc de guérir suffisamment pour qu’il ne reste sur sa peau quelques traces seulement qui ne tarderaient à disparaître dans les heures ou jours à venir, et de se doucher. Bref, il ne revenait pas en sang. Mais la scène qui allait se dérouler n’allait pas paraître si différente de la première.

Escaladant les obstacles, et parcourant la distance, il arriva enfin à la Congrégation, et la porte s’ouvrit pour le laisser entrer. Il savait pertinemment que Komui, travailleur soit disant acharné – ou très à la bourre qui sait -, avait des chances d’être encore éveillé avec une tasse de café, devant des piles de dossiers. Mais il préféra attendre demain, dans le doute. Il pouvait attendre avant de faire son compte rendu. Il avait tout son temps demain. Alors il gravit des escaliers. Il crut d’abord aller à sa chambre, mais se rendit compte qu’il venait de prendre un chemin qui lui ferait faire un petit détour. Il ne comprit pas sur le coup, mais ne s’arrêta pas, continuant son chemin le plus naturellement possible. C’est lorsqu’il reconnu une certaine porte qu’il accusa avec venin son stupide mécanisme de l’avoir fait passer par là. C’était déjà un miracle qu’il reconnaisse cette porte, alors que le L qui y était gravé était invisible dans la pénombre. Et pourtant il s’agissait exactement de cette porte : il n’y avait aucun doute en lui. Il approcha et constata que les contours de la porte étaient illuminés. La lumière n’était pas éteinte dans la chambre. Lust ne dormait pas.

Kanda, s’étant arrêté à quelques pas de là, prit le temps de se demander pourquoi. Mais aucune réponse ne venait. Il y avait un champ trop vaste de possibilités. Alors pourquoi ne bougeait-il pas ? Il n’y avait, au contraire, qu’une réponse à cette question. Mais il ne la trouvait pas. Ou, peut-être, ne se l’admettait pas encore ? Chose sûre : il ne voulait pas bouger. Pas plus son esprit que son corps. Car s’il avait crut vivre sa vie sans penser à qui que ce soit, il s’était trompé. Sa mission était finie, et ce qu’il voulait en cet instant précis était très simple : rentrer dans cette chambre. Hm.

Son visage était toujours aussi impassible et serein. Il hésita encore un instant, seul dans ce long couloir, lorsqu’il tendit la main et toqua contre le bois.

Il attendit, vêtu entièrement de son uniforme, les cheveux proprement attachés. De toute évidence, il finissait ou commençait un boulot. Mais le regard de Kanda serait suffisant à faire comprendre à Lust qu’il ne devait pas s’apeurer en croyant devoir partir en mission. Non, s’il devait avoir peur, ce serait d’autre chose. Probablement de ces flammes noires et mystérieuses qui flambaient dans les prunelles de l’adolescent. Peut-être son visage fixe, dénudé d’expression. Seulement ce feu dans ses yeux, aux premiers abords indéterminables. Troublant. Étrange. Mais finalement ces flammes se révéleraient être une envie. Un désir. Une faim attisée. Peut-être cela se remarquerait-il.

Trop tard pour faire marche arrière. Trop tard pour trouver son geste stupide. Trop tard pour faire demi tour en se disant qu’il serait mieux seul. Ce n’était pas le cas. Il voulait être là, même s’il ne comprenait pas. Car le visage de Lust était le seul dans sa tête. Il avait oublié tout le reste. Tout les autres visages, tout les monstres qu’il avait détruit, toutes les flammes. Le passé. Le présent. Cela aurait effrayé une autre personne. Mais au final, cela convenait bien à Kanda, qui acceptait son état. Tout était pourtant claire concernant Lust. Sa forme féline, sa chambre qu’il n’avait visitée qu’une fois, la tente, le feu de camp. Le toucher de sa peau. Sa respiration un peu trop rapide. L’émotion indescriptible dans son regard qui restait un mystère même lorsqu’il en avait saisit le sens. Ses paroles. Troublantes. Les seules à avoir un quelconque impact.

« De quoi est ce que je pourrai avoir besoin ? De tant de choses… »
« Ou peut-être simplement de toi, qui sait ? »


Il était prêt à revivre tout ça, s’il le fallait. Il était prêt à subir tout ce qu’il avait enduré en la présence de Lust, si cela ferait en sorte que ça continuerait. Car même s’il avait commencé en abandonnant Lust, même s’il s’était énervé après lui pour son intrusion, il avait finit par envelopper son corps de ses bras, et à goûter à ses lèvres une première fois. Sous une pulsion soudaine peut-être, qu’il avait soigneusement dissimulée, se persuadant qu’il n’avait agit ainsi que pour l’effrayer. Mais qu’est-ce que Lust avait pensé ? Un tel acte. Était-ce cette même pulsion qui venait d’agiter son poignet, emplissant ce silence de deux petits coups secs qui allaient faire tout commencer ?

Peu importe ce que c’était. C’était vrai. C’était là.

I lost myself, is it better not said
Now I'm closer to the edge



__________________

BURN THE EVIDENCE OF MY EXISTENCE
My job, my mission is not to fear, and not to think. I execute orders and I eliminate without prejudice.

Corps et Âme. Huktbl
Mon empire pour tes yeux.
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Nami
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MessageSujet: Re: Corps et Âme.   Corps et Âme. Icon_minitimeDim 29 Avr - 22:54

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Lust inspira profondément, à l’abri de l’obscurité incomplète qui régnait derrière ses paupières. Les yeux mi-clos, il retournait machinalement entre ses doigts une ampoule remplie d’un produit translucide. Ça Soulagera ta douleur, lui avait-on dit. Il y avait une dizaine de jours, Lust était revenu d’une mission périlleuse. Il avait failli mourir cette fois. On l’avait récupéré, faible et ensanglanté. Il aurait pu perdre sa jambe. Durant quelques jours, ceux qui l’avaient recueilli n’avaient donné aucunes nouvelles à la Congrégation. Personne n’avait du s’inquiéter. Le gamin traumatisé et souffrant s’était fait soigner d’une façon étrange. La drogue, alors… C’était donc ça la solution ? Cela l’avait empêché de pleurer ses camarades mutilés et de s’évanouir de douleur dès que ses muscles daignaient frémir dans sa cuisse. L’adolescent qui l’avait initié contre sa volonté aux paradis artificiels lui avait laissé une ampoule du divin produit. Et une adresse.

Il n’avait pas voulu l’utiliser. Pourtant sa main vint palper le pansement qui couvrait une bonne partie de sa peau, épais et inquiétant. Et de nouvelles images lui coupèrent le souffle. Sang. Le sang le sang le sang. Pourquoi le faible exorciste avait-il survécu alors que les traqueurs étaient morts ? Pourquoi l’enfant solitaire avait-il continué de marcher quand sa famille s’était éteinte ? ça y était. Un foulard étroitement serré au dessus du coude, il chercha la veine bleutée d’un geste maladroit. Effleurement des doigts. Honte. Il piqua. L’aiguille s’enfonça avec une certaine complaisance sous son regard troublé.

Quelques minutes s’écoulèrent alors qu’il attendait, la respiration hachurée. Son esprit se faisait flou, et il se détendit un peu. Le dégoût qu’il ressentait envers lui même disparut presque, et il se sentit mieux. Légèrement. Qu’est ce que Kanda aurait pensé en le voyant ainsi ? Sûrement l’aurait il méprisé. Mais il avait besoin d’être moins faible. Peu importe les moyens qu’il utilisait, Kanda n’avait pas à le savoir. En revanche si Lust espérait vraiment amadouer son cœur, il devait être plus fort. Ne pas s’effondrer sous la peur et la souffrance. Sinon, malgré toutes ces belles paroles qu’il avait murmuré avec tant d’assurance, il ne serait qu’un poids. La dose injectée était encore faible, et il sentait alors encore une furieuse brûlure dans sa chair. Dans sa tête. Seulement s’il prétendait vouloir plus, il deviendrait accro, tout simplement. Et il ne fallait pas, non, surtout pas.

Se relevant lentement du sol froid sur lequel il était agenouillé, Lust alla s’étendre sur son lit, rejetant la tête en arrière contre l’oreiller. Ses oreilles bourdonnaient, et une boule de chaleur palpitait dans sa poitrine. Sûrement faisait-il peine à voir… Et pourtant. Il se dégageait de cette scène une tristesse presque palpable qui le rendait beau. Un petit corps abandonné sur un lit froid et étranger. Des membres fins, encore jeunes. Un visage à la peau si pâle, à la bouche sculptée dans une moue défaitiste. Les yeux, entrouverts, laissaient échapper des lueurs émeraude, pourtant les pupilles noires étaient étrécies, comme s’il avait fixé trop longtemps la lumière. Mais non, il ne voyait que la nuit. Et les ombres qui voulaient l’attraper et enlacer ses jambes. Presser contre sa plaie. Une main hésitante s’en alla soulever le bandage. Une épaisse plaie lui sauta au visage, et il détourna les yeux. Des fils noirs avaient rapproché les bords du gouffre. Ses muscles n’avaient pas été touchés, lui avait-on dit. Heureusement. Il ne boiterait peut-être pas dès que la cicatrisation aura été achevée.

C’est alors que l’on frappa à la porte. Son regard se fit un peu plus alerte, et il s’insulta copieusement pour avoir laissé sa lumière allumée, signalant au reste du monde que oui il était bien vivant. Mais c’était rare qu’on veuille le voir. Il ne s’était lié à personne, destiné à une courte vie solitaire. Peut-être était-ce juste, il n’arrivait pas à en décider. Après tout, il était faible non ? S’il avait été plus doué, peut-être aurait-il été capable de protéger les traqueurs des akumas qui terrorisaient le village. Mais il avait lamentablement échoué. Lust Heartnet n’était qu’un exorciste raté qui ne savait pas agir sans se transformer en félin pour se cacher dans un trou. Tremblant. Lamentable. Au final l’adolescent déroula son corps gracile et daigna appuyer sur la poignée de porte.

Et là, il aurait pu la refermer d’un geste sec pour se cogner le crâne contre ce maudit panneau de bois. Non, non non et non. Pourquoi maintenant ? Il aurait vendu son bras droit pour le plaisir de voir Kanda venir à lui volontairement. Mais pas en cet instant. Et surtout… Pour quelle raison ? Son regard se faisant un peu plus lucide vint plonger dans les yeux de son ainé, et il tenta d’y lire un ordre quelconque. Une invitation à aller rencontrer la mort. Après tout, n’était-ce pas un peu de son essence même qui coulait en lui ? Un peu du venin de la Grande Faucheuse qui venait obscurcir sa raison, endormir ses sens. Sans comprendre exactement ce qu’il faisait, Lust leva une main, lourde, si lourde, et ses doigts agrippèrent l’uniforme de l’exorciste qui lui faisait face, alors qu’il tentait de saisir dans les yeux noirs un réconfort qui n’existait pas. Mais la discrète incertitude qu’il crut happer lui apprit qu’il n’allait pas mourir ce soir. Du moins, si tout se passait bien. Un soupir de soulagement lui échappa, et un sourire pâle vint s’apposer sur son visage défait. Tout allait bien. Vraiment. Tout irait bien. Doucement, sa main serrée donna une légère impulsion à Kanda, l’invitant à entrer totalement. Et Lust Heartnet referma la porte, avant de se tourner vers le visiteur inattendu. Yû Kanda. Bien plus fort que Lust ne le serait jamais. Et c’était réellement frustrant.

La main frêle qui avait attrapé le tissu sombre un instant auparavant repartit à la découverte du corps qui lui faisait face. L’adolescent se rappelait de cette mission qui avait changé sa vision des choses. L’avait on brisé, ou au contraire, Kanda lui avait il donné une raison de croire à nouveau ? Il ne savait pas. Peut-être cherchait-on à le faire mourir d’espoir. Après tout, s’il espérait pouvoir être aimé, réellement, par celui dont personne n’avait su atteindre le cœur, il ne pouvait que se briser les ailes. Se détruire un peu plus profondément, comme s’il restait encore quelque chose à calciner au plus profond de lui, là où tout n’était que cendre et résignation. Les doigts timides tâtonnèrent le long de la courbe nette qui dessinait la mâchoire de Kanda. Puis glissèrent le long du cou, pour s’approprier la nuque un peu raide. Un homme qui jamais ne ploie. Alors, est-il condamné à se casser lorsque la tempête enfin le touche ? Les pensées tournoyaient dans sa tête, et le gamin insolent était à peine conscient de ce qu’il faisait. Etrangement fasciné, plus encore que lorsqu’il tentait simplement de faire le poids face à cette masse de sarcasme et d’indifférence, il cherchait à retrouver un peu du bonheur fuyant qu’il avait cru serrer contre lui autrefois. Enfant perdu à la recherche du brasier qui s’était rallumé, plus ardent mais aussi plus fragile que jamais, lorsque Kanda l’avait embrassé. S’il ne faisait que jouer, alors Lust jouerait avec lui. Jusqu’à tomber en pièces. Fatigué. Inutile.

Mauvais joueur, tout simplement. Ne pensant même pas à appuyer sur cette échine forte et solide, Lust l’utilisa au contraire pour se rapprocher un peu plus du kendoka. Se hissant sur la pointe des pieds, il effleura les lèvres qu’il avait rencontrées autrefois. Avant de réaliser qu’il était un bon candidat au suicide. Oups. La dernière fois, Kanda l’avait embrassé durement, se perdant sûrement dans sa volonté de lui faire peur. Et même s’il avait su se faire plus proche que jamais dans les minutes qui avaient suivies, Lust ne savait plus que penser désormais. Avait-il gagné un peu de son cœur, ou seulement son dégoût ? Le désir savait s’éteindre une fois assouvi. Ce n’était pas toujours le cas du véritable amour. Celui-ci fanait avec le temps, ou finissait avec la mort. Tournant la tête en feignant d’ignorer ce qui avait failli se passer, Lust fit de son mieux pour afficher un sourire moqueur, comme s’il s’apprêtait à jouer. Mais il tourna les talons et retourna s’asseoir sur son lit, admettant sans doute sa défaite inévitable. D’un geste du menton, il invita Kanda à s’installer lui aussi, dans l’espace clos et sombre qu’était son refuge provisoire. Puisque le prochain serait sans doute éternel. Et là, il fit de son mieux pour briser le silence qui les enveloppait, comme toujours. Une fois de plus, il était sur le point de perdre l’équilibre. Et il ne savait pas si l’autre exorciste était là pour le retenir. Ou s’il le faisait simplement tomber pour de bon.

« Je ne m’attendais pas à… ça. »

Il ne s’attendait pas à le voir. Il n’avait jamais voulu espérer un peu trop. Et pourtant.
Il y a des choses que l’on ne peut maitriser. L’espoir en est une. Tout comme l’amour, a-t-on dit.
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Nami
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MessageSujet: Re: Corps et Âme.   Corps et Âme. Icon_minitimeDim 29 Avr - 22:55

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In this desert
In darkness
Lying with the gun across his chest
Pretending
He's heartless
As the fire flashes in the sky

La porte glissa, presque silencieuse. Et dans la lumière qui illuminait enfin cette paroi, il crut voir l’entaille en forme de T se discerner par sa profondeur ombreuse. Mais il crut seulement, car ses yeux s’élevèrent sans aucune hésitation, pour fixer le visage qui lui faisait face. Et tout sembla se figer pendant un instant, alors qu’il plongeait dans les grands yeux troublés de Lust. Mais l’instant était trop intense pour qu’il puisse s’en moquer. Pouvait-il se le permettre, alors qu’il venait de toquer à sa porte, le soleil s’étant déjà éteint depuis longtemps ? Oui. Bien sûr qu’il pouvait. Mais il ne le fit pas. Ses yeux ombres captèrent chaque infime mouvement, guettant chaque geste, chaque expression. Alerte comme jamais. Éveillé. Sans pour autant entreprendre la moindre réaction lorsqu’il vit la main gracile de son adversaire s’élever jusqu’à lui. Son adversaire, oui. Le seul qui avait réussit à lui faire lâcher prise de cette curieuse façon. Et cette main continua sa progression longue, interminable… jusqu’à ce qu’elle s’arrête à quelques mini mètres de sa peau. L’espace de quelques morceaux de tissus qui lui tenaient chaud, que les doigts agrippaient fiévreusement. Bien. Il était définitivement trop tard pour faire demi-tour. Son esprit s’embrouilla et ses lèvres s’entrouvrirent alors qu’il semblait prêt à dire quelque chose. Seulement, il ne dit rien. Seul le silence pesait sur eux. Et pour la première fois de sa vie, il crut que son cœur était audible.

Il se fit attirer dans l’antre de Lust Heartnet, sans chercher à arrêter cet élan. Il se souvenait plutôt clairement de la première fois qu’il avait mit les pieds ici, se faisant guider par un félin à la sombre fourrure. Le même félin qu’il avait devant lui à présent, mais sous sa forme véritable. La porte se referma, et Lust lui fit à nouveau face. Comme il avait toujours si bien sut le faire, après tout. Hésitant, tombant en arrière quelques fois, mais toujours fidèle à cet espoir qui l’habitait. Faisant de sa présence une présence indispensable, bien qu’elle fut désagréable. Mais il ne fut pas désagréable de sentir la caresse de sa main sur son visage. De constater qu’il ne pouvait ou ne voulait se restreindre de l’approcher malgré toutes les mises en gardes autrefois sérieuses et cruelles de Kanda. Et elles étaient toujours présentes. Mais il ne les proférait plus, car ce soir, il n’y croyait plus. La main, sûrement curieuse, se faufila jusqu’au creux de son cou. Et Kanda ne bougea toujours pas. Car il était parfait de voir ce que Lust voulait faire.

… Et totalement déroutant. Le corps de Kanda se crispa vaguement alors que le souffle de Lust effleura son visage, et que sa proximité se fit plus qu’évidente. Réaction qu’il ne pouvait sûrement pas contrôler. Mais ce n’était pas grave. Tout allait bien, oui. Tout comme le sourire pâle du gamin le lui avait montré. Tout allait bien dans ce monde imparfait. Alors il ferma les yeux, et s’attendit à connaître la façon dont Lust l’embrasserait ; une expérience qui s’avérerait bien différente de la première, sûrement. Et pourtant l’effleurement sur ses lèvres se fit incroyablement fugace et taquin. L’exorciste se contenta d’ouvrir les yeux, ne rattrapant pas ce geste envolé, et se tenant droit, impaissible, et observant de ses sombres pupilles la moquerie naissante sur le visage de Lust Heartnet. Était-il si bon comédien… ?

Non, il n’y avait pas de questions à se poser. Kanda n’avait peur de rien. Et s’il devait abandonner sa méfiance et s’engouffrer dans le labyrinthe le plus improbable pour découvrir la vérité, il le ferait. Et ce fut un signe de tête qui l’invita à y pénétrer.

Les mots retentirent dans le silence, et à leur rythme le soldat du Vatican s’approcha de son camarade de sort. Que pourtant tant de choses différenciaient de lui. Il s’approcha du lit, observant vaguement ce qui l’entourait en poursuivant son chemin. S’arrêtant devant Lust. Lui faisant face. Et posant à nouveau ses yeux sur lui. Et les yeux de Lust étaient incroyablement verts. Au point où ses pupilles semblaient minuscules malgré la faible lumière qui illuminait ses traits.

« Il y a quelques minutes à peine, moi non plus. Et pourtant je suis ici. »

Il s’approcha d’un pas, et ses genoux vinrent se coller contre ceux de Lust. Il se pencha, plaçant ses mains sur le lit, de chaque côté d’où se tenait son curieux interlocuteur. Que cherchait Lust, véritablement ? Il ne savait pas. Il n’était pas un de ceux qui croit comprendre ce que les autres pensent. Il ne se vantait pas plus de savoir ce que Lust pouvait ressentir. Non, il n’était qu’une question d’instinct. Et ceux qui se fient à l’instinct perdent la notion de vigilance. Mais il était plaisant, après tout, de se détourner soit-même d’un chemin trop étroit pour en tester le bord, et avoir le vertige. Briser le semblant de certitude d’un monde à qui il ne devait rien. Et abandonner ses principes pour en agripper d’autres. Changer. Changer jusqu’à sa plus infime résistance pour quelqu’un d’autre. Yû Kanda était-il capable de cela ?

Il se pencha en avant, plissant les yeux, essayant de taire son esprit. De rester dans ce sentiment étrange qui le guidait cette nuit. De se pencher un peu plus vers le gouffre, et d’en ressentir le frisson. Levant à nouveau une main pour la poser sur le torse de Lust, et pour le pousser lentement en arrière, jusqu’à ce que son dos rencontre l’étoffe de son lit. Se penchant un peu plus, suffisamment pour poser ses lèvres sur la courbe de sa tendre mâchoire, pourtant crispée par des émotions peu aimables. Et peut-être que cette drogue qui coulait à présent dans ses veines rendrait sa douceur à son visage, plus efficace qu’une nuit infectée de cauchemars. Plus efficace que l’effleurement d’un soldat destructeur qui avait rejoint sa chambre lors d’une nuit qui perdait soudainement toute normalité. Sa main glissa sous le tee-shirt de Lust, faisant des dessins quelconques sur la peau de son torse et de son ventre.

Si la moquerie qu’il avait aperçu sur le visage du jeune exorciste était belle est bien présente, et s’il s’agissait bel et bien d’un bon comédien, d’un joueur, maniant son entourage comme il manierait les cartes qu’il possédait, alors Kanda tenterait de jouer lui aussi. Sa compétitivité et son désir de victoires serait présente. Il gagnerait. D’une manière ou d’une autre. Il mettrait fin à ce jeu de manière brusque s’il n’en appréciait pas le déroulement, mais si les choses continuaient ainsi, il pouvait se risquer à joueur jusqu’au bout. Ce but étant peut-être facile ou difficile à obtenir. À vrai dire, il était inconnu. Et c’était probablement ce qui donnait toute sa valeur au jeu. Le visage du kendoka était inexpressif. Légèrement grave. Il ne souriait pas. Il ne souriait jamais si ce n’était un sourire moqueur, voir sadique. Seuls ses yeux pourtant revêches exprimaient vaguement ce qui aurait pu se lire sur le visage d’une personne expressive. Il ne souhaitait pas partager ce qu’il ressentait, de toute façon. Cette simple idée restait révoltante. Il avait d’autres moyens de réagir. La colère. La pulsion meurtrière. Ou alors, rarement, spécialement, le silence, la proximité presque dangereuse. Le regard pesant. Comme en cet instant. Toujours penché, un genou posé sur le bord du lit pour le retenir, l’autre toujours appuyé contre la jambe de Lust, et releva néanmoins la tête pour souffler quelques mots.

« Il est pourtant honorable de rester seul dans la lumière. »

Il n’avait pas oublié leur précédente conversation, et bien qu’il ne l’aime pas particulièrement, et qu’elle ne lui convint pas, elle ne cessait de lui revenir, et il ne cessait de vouloir y répondre encore une fois. Lust Heartnet n’avait pas besoin de pénombre. Mais de lumière. Et en persévérant il pourrait se tenir seul dans sa splendeur, comme tout exorciste qui grave les échelons. Comme tout exorciste doté de sentiments et de justice. Comme tout exorciste sage et obéissant. Et non comme Kanda. Kanda qui, fidèle, restait toujours un peu lui-même…

« Quel gamin chiant. »

Il se redressa, dominant Lust de toute sa hauteur, et tourna la tête. Remarquant enfin la seringue posée sur le chevet de Lust, il la saisit entre ses doigts et l’examina rapidement, avant de lancer un regard pesant et inquisiteur sur son… interlocuteur. Qu’est-ce que ça signifiait ? Il ne savait pas. Mais la chose l’intriguait suffisamment pour qu’il daigne se ressaisir. Avant qu’il ne soit trop tard… probablement. Il est des choses qui ne se contrôlent pas, et que l’on regrette. D’autres qu’on ne regrette pas.
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MessageSujet: Re: Corps et Âme.   Corps et Âme. Icon_minitimeDim 29 Avr - 22:55

Lust leva les yeux vers Kanda, une expression un peu confuse sur le visage. Il était là en effet. Et le gamin était incapable de dire s’il pouvait s’en réjouir ou non. Après tout, il y avait cette trace sur son bras, cette drogue dans son sang. Et cette seringue déposée à son chevet. Si Yû découvrait son honteux secret, il le perdrait, si tant est qu’on puisse dire qu’il l’avait un jour eu à lui. L’exorciste était visiblement bel et bien attiré par lui, du moins Lust semblait le troubler assez pour qu’il vienne le trouver. Pour qu’il l’embrasse, aussi dur que ça ait été. Mais pouvait-on parler de lien, entre eux ? Y aurait-il un jour de la place pour les sentiments, dans ce jeu qu’ils avaient débuté ? Pour lui, nul doute que oui. Après tout, son cœur se tordait à chaque phrase, à chaque geste de son ainé. Kanda était la seule personne dont Lust désirait réellement l’amour. Autrefois, il aurait cherché partout quelques moyens d’être heureux, d’être apprécié. Il avait voulu qu’on ait besoin de lui. Et rechercher l’affection était un moyen parfait de se sentir vivant. Mais il avait fini par mourir de l’intérieur, quelqu’un avait déchiré tout son corps, toute son âme, jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien que des gouffres sans fonds laissant échapper des plaintes douloureuses. Mais il souriait pourtant. Parce qu’il ne voulait pas être faible. Il admirait profondément Yû, et il souhaitait obtenir son respect un jour. Peut-être qu’il rendrait les missions plus douloureuses, les départs plus incertains, mais le gamin innocent était persuadé qu’aimer et être aimé pouvait rendre l’obscurité plus accueillante. La mort moins effrayante. Si Kanda n’était plus seul, peut-être arriverait-il à être heureux ? Et lui aussi, sans doute. Cependant, l’amour était égoïste, et il serait faux de prétendre qu’il cherchait à séduire un garçon aussi inaccessible pour le propre bien de ce dernier. Il y avait quelque chose en lui qui tressaillait profondément maintenant que les genoux du jeune homme touchaient les siens. Et Lust avait appris de quoi il s’agissait. Ce caractère froid qui représentait un défi, ce regard glacé, et ces actes mystérieux lui avaient plu bien plus que les sourires et les promesses des filles passées. C’était vers ce grincheux solitaire que son âme toute entière tendait, et il ne voulait plus le nier. Son cœur entama une course folle alors que Kanda se penchait. Allait-il… ?

Une main le poussa vers l’arrière, et il se laissa sagement faire. Les sentiments en lui étaient plongés dans un brouillard qu’il croyait presque pouvoir palper, et il ne savait pas s’il devait le reprocher à la drogue ou simplement à l’effet que l’exorciste avait toujours eu sur lui. Puis ce fut pire encore. Tous ses sens exacerbés, il se sentit frissonner alors que des lèvres se posaient sur sa mâchoire. Un jeu, cela ne pouvait être qu’un jeu. Avait-il gagné, finalement ? Kanda avait-il cédé, décidant de se laisser aller contre Lust ? Ou alors… L’adolescent leva son regard émeraude vers les yeux sombres du kendoka. Non, sûrement jouaient-ils encore. Car Yû ne lui avait pas accordé la moindre parcelle de confiance. Ils ne savaient rien l’un de l’autre. Lorsqu’un lien aura été tissé entre eux, lorsqu’à chaque instant Lust n’aurait plus à craindre que son compagnon ne parte, furieux, alors le jeu prendrait fin. Et peut-être que tous deux seraient alors vainqueurs. Egaux. En cet instant, il s’agissait de montrer une fois de plus qu’il était sincère, qu’il tenait au jeune homme. Que ses limites n’étaient pas atteintes et qu’il ne fuirait pas une fois les choses devenues plus difficiles à accepter. Plus sérieuses. C’était le mot convenable. Il lui avait dit, plusieurs fois déjà. Le garçon qui maniait le jeu de cartes était sincère, il voulait le rendre heureux, et, en s’accrochant à cette présence forte et délectable, gagner un peu de bonheur lui aussi. Ils le méritaient. Chaque soldat avait le droit de posséder un peu de joie. Non, les exorcistes n’étaient pas obligés de mourir seuls et incompris. Pas toujours. D’autant plus que le gamin commençait à deviner que, peut-être, Kanda avait un passé plus incertain et plus douloureux encore que le sien. Après tout, peu importe combien lui même souffrait, il n’était pas le seul à avoir perdu sa famille. Seulement, alors que lui laissait la peine creuser une antre dans sa poitrine, Kanda s’éloignait du monde et des vivants. Devenait plus fort quand lui s’enfonçait dans les méandres de la faiblesse. Et il tenait grâce à un fil. Une aiguille, maintenant. Il avait presque peur d’y penser. Ses cheveux bruns glissèrent sur ses paupières, et il sentit son dos se tendre, s’arquer. Des mains se promenaient sur sa peau nue, glissant sous son t-shirt. Hé bien. Il était vêtu d’une façon plus intéressante que son… ami, couvert de l’imposant uniforme de la congrégation, tandis que lui était peu habillé, portant un simple short noir et un t-shirt blanc qui pendait un peu sur son épaule, dévoilant la clavicule droite. Et la voix de Kanda tenta de briser l’instant. Mais Lust ne le laisserait pas faire. Son regard déterminé ne quittait pas celui profond de son vis-à-vis, alors que les mots tentaient de l’éloigner encore un peu. Voulait-il réellement une réponse ? Comment trouverait-il la lumière seul ? Pouvait-on ne pas sombrer dans l’obscurité sans personne vers qui revenir ? Assurément pas, du moins il s’en sentait incapable. Se redressant légèrement, en appui sur ses coudes, il lui répondit, d’une voix ferme mais cependant pas agressive, répliquant simplement à l’insulte presque affectueuse de Kanda. Puisqu’il la prenait comme telle.

« Crétin grincheux. Pourquoi insistes-tu ? Je vivrai bien plus heureux dans l’obscurité si je peux y demeurer à tes cotés. » et peut-être n’aurait-il pas été si hardi en temps normal. Mais c’était bon.

Cependant il ne tarda pas à se figer, un peu coupable. Un peu apeuré. Le gamin se secoua intérieurement, décidé à ne pas se dénoncer en affichant un air de lapin pris au piège. Allongé sur le lit, il tendit rapidement la main vers les cartes trainant sur le drap. Carte des métamorphoses. Quelques secondes après, un jeune chaton joueur bondissait vers les objets compromettants. Sa mâchoire aux petits crocs pointus se chargea de délester Kanda de la seringue, et le félin s’enfuit vers un coin de la pièce où il déposa son matériel, avant de tourner sa tête vers l’unique humain dans la pièce. Un miaulement attendrissant lui échappa. Dur de narguer quelqu’un avec une voix de chat. Et, maitrisant désormais mieux son pouvoir, il retrouva sa forme original, vacillant un peu en prenant de nouveau de la hauteur.

« Pas touche. C’est pour ma jambe. » Explication vaseuse faite d’une voix tremblante mais il ne devait pas laisser le bel asiatique poser plus de questions. Il y avait toujours eu des remparts entre eux, et une voile de plus venait de se déchirer. Lust allait en profiter. Marchant lentement vers Kanda, il se plaça face à celui qu’il aimait, et posa une fois de plus sa main contre son torse. Cette fois, les doigts provocateurs glissèrent, tâtonnèrent, et firent tomber la lourde veste d’uniforme sur le sol.

« Vois-tu Kanda, s’il le faut, j’irai jusqu’à te considérer comme ma lumière. Si cela pouvait te faire comprendre que la seule chose dont j’ai besoin, c’est ta présence. »

Non, non et non. Il allait le regretter plus tard. Mais c’était si délicieux de se laisser glisser, de dévoiler chaque fois un peu plus de son cœur sans pour autant prononcer les mots interdits, les mots dangereux. Car il ne les avait jamais dit, et il attendrait. Il attendrait que tout cela devienne plus certain, que cette relation ne soit pas qu’un fil ténu qui reliait leurs deux cœurs isolés. Prison de chair et prison de sentiments. Yû Kanda et Lust Heartnet. Un exorciste fort, froid et solitaire, un gamin insolent, peureux et perdu. Parfaits compléments. Sa main glissa de nouveau sur la peau du jeune homme, et il osa se pencher un peu plus pour inspirer son odeur rassurante. Ses doigts étaient agités et il était conscient que son cœur battait trop vite sans savoir s’il devait avoir peur. Il lui restait quelques ampoules, dans un tiroir. La première overdose n’était pas pour aujourd’hui. Pour l’instant il mélangeait les addictions, et celle qu’il commençait à développer n’était pas pour lui déplaire. Ses iris pétillants aux pupilles rétractées retrouvèrent leurs conjointes, et il se réinstalla sur le lit, alors que Kanda était encore redressé. Effrayé, il pria pour que le regard pesant ne se fasse pas plus soupçonneux. Et tant pis s’il était trop téméraire pour être crédible. L’enfant perdu réclamait la chaleur à défaut de tendresse. Pieds nus, il avait la chair de poule et ses bras pâles se tendirent vers Kanda pour l’attirer dans un baiser plus réel que le timide effleurement qu’il avait osé avant. La douleur dans sa jambe, dans son cœur, se fit discrète. Là où l’héroïne était à peine suffisante, Kanda était bien plus efficace. Il était là, et Lust ne voulait pas le laisser repartir. Pas alors que derrière cette façade assurée il était tout simplement terriblement seul. Et si effrayé.

« Veux tu jouer encore ? » Murmure blessé alors qu'il s'écartait, le souffle un peu hésitant. Il gagnerait, cette fois. Il ne pouvait en être autrement.

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MessageSujet: Re: Corps et Âme.   Corps et Âme. Icon_minitimeDim 29 Avr - 22:55

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So here we are
We are alone
There’s weight on your mind
I wanna know
The truth, if this is how you feel

So this is you
You're talking to me
You found a million ways to let me down
So I'm not hurt when you're not around
I was blind
But now I see
This is how you feel
Just say it to me
If this was ever real

Kanda était plus que sérieux. Ses prunelles ne quittaient pas le visage de Lust, observant plus précisément ses lèvres, alors qu’elles remuaient pour former quelques mots. Au lieu de lui laisser le loisir de répondre de manière cinglante aux sons qui venaient de quitter la bouche de Lust, ce dernier attrapa son innocence, fidèlement figée sous la forme d’un petit jeu de cartes. Peut-être était-ce une mauvaise manie, ou alors une bonne habitude, mais Kanda écarta ses pieds pour avoir une position plus propice à quelconque réaction dont il aurait besoin de se munir. Plissant légèrement les lèvres, il observa Lust avant que, sous un effet de lumière, son corps se brouille, pour devenir celui d’un… chat. Autant être sincère est dire que, sur le moment, Kanda ne sut trop quoi faire. Mais le chaton, lui, savait exactement ce qu’il faisait, et les doigts de Kanda lâchèrent assez facilement la seringue dont ils s’étaient emparés. Ça et le reste, finirent dans un coin reculé de la chambre, et le félin revint en arrière, se brouillant à nouveau pour reprendre la silhouette que Kanda venait à reconnaître aisément. Celle qui, sans qu’il ne s’en rende vraiment compte, l’avait quelque peu hanté récemment. Il préférait chasser de son esprit de telles images, secouer la tête et penser à autre chose qui lui sembla plus réel et plus plausible. Mais n’était-ce pas réel, cette sensation que laissait Lust là où il touchait sa peau ? Il était venu, en cette étrange nuit, car ses émotions différaient des jours habituels. Parce que ses songes s’étaient faits plus imposants. Et sans doute ne se doutait-il pas encore réellement que l’état de Lust était bien pire encore. Et il ne savait si, à l’aube, ses émotions reprendraient la routine habituelle, où si sa venue, en cette nuit, changerait bien des choses. Il ne savait pas. Il ne savait rien, en réalité, si ce n’était qu’il ne se laisserait pas avoir. Et que lui-même cherchait quelque chose.

« … »

En entendant les mots de Lust, il se rendit compte qu’en effet, sa démarche n’était pas des plus aisées. Il fronça vaguement les sourcils, mais déjà Lust avait posé ses mains sur son torse, jouant avec les fermetures de sa veste, et bientôt, Kanda sentit l’étoffe glisser sur ses épaules. Il laissa la veste tomber jusqu’au sol, et redressa la tête, se tenant droit comme à son habitude. La croix argentée de son uniforme venait de disparaître sous un pli, se terrant dans une douce pénombre, cessant de renvoyer la faible lumière qui enveloppait cependant la chambre d’une sorte halo, sans pour autant en atteindre tout les recoins. Il garda le silence, car les mots qui prononça Lust étaient bien trop naturels et étranges, et Kanda aurait préférait l’interrompre d’une main sur la bouche, d’un coup de poing ou voir même d’un baiser, si ce n’était Lust qui l’attira à lui pour saisir ses lèvres. Ce n’était pas la première fois que le joueur de cartes proférait de telles paroles, et pourtant elles étaient presque aussi déconcertantes que la première fois qu’il les entendit. Presque. Et soudainement il se demanda si ce qui n’était pourtant qu’un simple gamin aux sentiments sincères, n’était pas un simple humain qui se délectait de manipuler son entourage avec ces quelques phrases qui lui venait bien trop facilement. Et il n’entendait pas par là un malfaiteur, une personne déshonnête qui ne cherchait qu’à accomplir quelque chose de spécifique. Non, juste un autre être pourvu de toute erreur et faiblesse humaine, et qui avait besoin d’affection autour de lui, et qui pour satisfaire cette aspiration, était bien capable de jouer avec les mots et les gestes. De jouer. Oui, jouer, encore et encore, chaque carte, chaque seconde qui s’écoulait en ce baiser un peu trop doux. Jusqu’à ce qu’il ne cesse et qu’un léger froid survola sa bouche.

Et encore une fois, Lust parla. Et Yû Kanda préféra ne pas répondre, pas tout de suite. Plutôt le faire taire, puisqu’il ne cessait de proférer ces folles choses. Et alors que son souffle était encore vaguement troublé, il ne laissa à Lust qu’un instant de répit avant de l’embrasser à nouveau. Un baiser plus ferme, qui reflétait plutôt bien la personnalité du kendoka. Tout comme le baiser de Lust avait su se faire à son image. Se penchant dans son action, il poussa encore Lust sur le lit, cette fois en usant de son propre corps puisqu’il était proche de lui. Il força sans peine dans la bouche du jeune adolescent, glissant une main dans sa nuque pour qu’il ne brise le contact. Puis il laissa ses lèvres courir dans le cou délicat. Il lâcha la nuque de Lust et saisit son bras intact au niveau de l’épaule, et laissa glisser son emprise jusqu’à son poignet, tout en relevant son bras au-dessus de la tête de l’adolescent. Et sa poigne se referma étroitement à cet instant, pour qu’il ne puisse s’en défaire. Kanda, qui avait même monté une jambe sur le lit pour arriver à cette position étroite, se détacha vaguement de Lust, sans lâcher le bras fin du joueur de cartes. Ses yeux se posèrent de manière flagrante sur la trace fraîche qui se situait au creux de l’autre bras de Lust, et qu’il ne considérait qu’à présent avoir saisit son autre main. Il ne voulait pas avoir affaire à un chaton, et à vrai dire, sa première intention n’avait pas été de faire remarquer cette trace, mais c’était plus fort que lui ; il était à peu près sûr que ce que s’était injecté Lust n’était pas une chose prescrite pour sa jambe, même si elle servait à taire la douleur.

« Ce n’aurait pas été plus simple de le faire directement dans la jambe ? »

Voilà pourquoi ses yeux étaient si verts, si grands. Voilà pourquoi son visage était plus détendu qu’à son habitude. Voilà pourquoi ses gestes étaient moins hésitants. N’est-ce pas ? Ou était-ce son arrivée qui avait donné espoir et confiance au jeune exorciste ? Lust s’était amélioré, il n’y avait aucun doute. Bien que Kanda ne se tenait jamais au courant de ce qu’il pouvait bien arriver aux autres, Lust étant dans son unité, il était récemment arrivé que Froi Tiedoll les amène dans des lieux divers pour diverses raisons. Il restait tout de même un exorciste de fraîche date, et il était difficile pour Kanda de comprendre ce qu’un changement de vie, d’existence, voir de rôle, pouvait faire sur le cerveau humain. Mais il n’était pas du genre à concevoir l’importance d’une telle chose. Ce genre de choses arrivaient tout le temps. On devait être capable de s’en remettre, de s’adapter, ou de se battre, et c’était tout. On ne peux empêcher un être de mourir, mais on peux se battre, se venger, être en colère. S’adapter, facilement ou difficilement. Tout comme lui s’adaptait progressivement à la présence de Lust dans les parages. Lui qui faisait généralement en sorte que les choses restent telles qu’elles étaient, ne pouvait ignorer ce simple gamin. Et il ne savait ce que serait le jour où cette présence disparaîtrait. Et il ne le saurait probablement jamais. Viendra juste le jour où il réalisera qu’il fera tout, absolument tout, pour qu’une telle chose ne se produise jamais.

Il inspira profondément, fixant Lust de ses yeux froids mais toujours vaguement incertains. L’odeur de Lust était omniprésente. Sa peau fraîche là où ses doigts tenaient son poignet. Il ne s’échapperait pas de cette façon.

« Est-ce vraiment pour ta jambe ? »

Et ses doigts se serrèrent vaguement, sans qu’il ne l’ordonne vraiment. Il plissa légèrement les yeux et approcha son front de celui de Lust.

« Je te conseille de me dire la vérité. »
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MessageSujet: Re: Corps et Âme.   Corps et Âme. Icon_minitimeDim 29 Avr - 22:56


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Gave you all I had
And you tossed it in the trash
You tossed it in the trash, yes you did
To give me all your love
Is all I ever asked
Cause what you don't understand
Is I'd catch a grenade for ya
Throw my hand on the blade for ya
I'd jump in front of a train for ya
You know I'd do anything for ya

I would go through all this pain
Take a bullet straight through my brain
Yes I would die for you, baby
But you won't do the same

If my body was on fire
You would watch me burn down in flames
You said you loved me, you're a liar
Cause you never ever ever did, baby



Il s’en moquait. Rien n’existait plus autour de lui si ce n’étaient ses lèvres contre les siennes, cette bouche qui dévorait la sienne. Ce corps qui se pressait contre le sien. Et ce délicieux brouillard dans sa tête qui éloignait fermement les évènements douloureux et la souffrance qui irradiait de sa jambe. Oui, il avait honte d’être faible, honte de mentir à la personne qu’il respectait et aimait tellement. Mais il n’y avait pas d’autres solutions. Il pouvait choisir de ramper sous le joug de la drogue pour pouvoir donner le change devant les autres, ou tout simplement s’effondrer comme le gamin pathétique qu’il était. Alors par pitié, que Kanda cesse de s’intéresser à cette simple marque sur sa chair pâle. Et qu’il le laisse simplement gouter un peu au fruit défendu.

Les doigts forts s’emparèrent de son bras délicat, le levant à la hauteur de son visage, et il se crispa soudainement sur le lit, oubliant l’abandon parfait dans lequel il avait sombré quelques secondes auparavant.

Les mots qui s’évadèrent de la bouche qui un instant auparavant avait fusionné avec la sienne le firent presque trembler. Il avait peur. Peur parce que s’il était honnête, il serait méprisé. Et s’il mentait… Il perdrait Kanda, tout simplement. Alors qu’il ne s’était pas encore suffisamment logé dans son cœur. Certes l’exorciste était venu à lui de son plein gré. Et oui, c’était vrai, Kanda l’avait embrassé, volontairement. Mais ce désir mutuel n’était pas synonyme d’amour. Pas encore. Cela l’effrayait terriblement. Parce que pour la première fois de sa vie, il avait fallu qu’il tombe amoureux. Autrefois il avait couru les filles, agissant comme un stupide adolescent insouciant et aventureux. Mais maintenant il n’était rien de plus qu’un petit vagabond orphelin qui avait échoué dans un monde trop sombre pour lui et qui se noyait dans une mer d’ombres. Et, alors qu’il n’avait jamais réussi à réellement aimer, cherchant l’affection sans savoir la rendre, lui qui s’était senti délaissé par sa famille simplement parce que sa sœur avait grandi, il était tombé amoureux de la seule personne qui semblait ne jamais pouvoir l’aimer. Un garçon, tout d’abord. Et sûrement l’exorciste le plus froid et le plus désagréable de toute la congrégation. Pourquoi au juste s’était il senti tellement fasciné ? Parce qu’il y avait comme une pancarte lumineuse avec écrit danger qui planait autour du jeune homme. Parce que Kanda était symbole de mystère. Et parce que le japonais semblait impassible, inébranlable. Et il se sentait en sécurité près de lui. Le gamin insolent qu’il était prenait plaisir à provoquer son ainé, à s’engueuler avec lui. Et pourtant, depuis un moment déjà, il l’aimait profondément. Et il aurait voulu être le seul à comprendre son cœur. Mais l’instant n’était pas encore venu. Et pour l’instant, il devait encore courir sur la digue, prêt à plonger dans les flots menaçants qui venaient se briser sur les rochers à ses pieds. Tant pis s’il tombait, il était trop tard pour retrouver son équilibre. Et merde.

Lust détourna soigneusement le regard, laissant sa tête s’effondrer sur le coté. Non non et non, il n’allait pas lui répondre, c’était impossible. Pourtant, les dernières paroles de son… camarade, l’achevèrent. Et il releva le menton dans un geste de défi. Il brûlait. Son corps était engourdi. Mais il allait répondre, et tant pis s’il le perdait. Chacun ses faiblesses, Kanda savait depuis le début que les siennes étaient encombrantes. Mais sans doute en avait-il lui aussi. Il suffisait d’espérer qu’il prendrait ce détail en compte lorsqu’il jugerait sévèrement le joueur de cartes. Car Kanda était une carte qui aimait improviser. Personne ne pouvait la jouer en sachant quel impact elle aurait sur le jeu tout entier.

« Hm. Tu ne crois pas que j’avais déjà assez mal pour ne pas en plus me piquer dans la cuisse, Bakanda ? »

Oui, dans un dernier sursaut de fierté il voulait essayer de s’en sortir. Et il avait utilisé ce surnom qu’utilisait Allen Walker lorsqu’il insultait l’asiatique. Peut-être qu’il se prendrait une claque en échange et son moment d’idylle serait alors rompu, mais il éviterait les questions embarrassantes. Ses yeux d’émeraude se jetèrent dans l’océan de ténèbres de Kanda. Et il perdit toute contenance. Il ne pouvait pas lui mentir. Pas s’il prétendait l’aimer.

« Pour ma jambe… pour mon cœur. Pour mon âme. » ce murmure répondait véritablement à la question posée.

Et il n’allait pas s’arrêter en si bon chemin vers le suicide, n’est ce pas ?

« Pour mes faiblesses. Mais qu’est ce que cela fait ? Peu importe le moyen que j’utilise pour les combler du moment que je tiens encore sur mes jambes pour me battre. Du moment que je ne passe pas mon temps à gémir et à souhaiter mourir. C’est cette vérité là que tu voulais entendre, non ? Hé bien tu l’as eu. »

Et de nouveau il détourna les yeux, et remua faiblement pour se dégager de l’étreinte de son ainé. Il était soudainement fatigué. On lui avait déposé une arme entre les mains et pour cela il devait la tenir et la manier. Mais qu’on le laisse tenter d’être fort, au moins. Peu importe si la méthode devait le tuer, il vivrait encore plus vieux que s’il n’en prenait pas.

« Tu devrais être heureux, j’essaye d’être un parfait soldat. Mais tu t’en fous je suppose. Alors lâche moi. »

Et, parce qu’une fois de plus il n’avait pas envie d’attendre, il choisit ce moment pour utiliser son pouvoir. Le chaton noir cracha sous la main qui retomba, inutilement, sur lui, avant de s’enfuir une fois de plus vers un coin sombre de la pièce. Là, sa course vacillante l’amena jusqu’à un recoin parfaitement obscur, et il se roula en boule, dardant ses yeux brillants et troubles sur le lit nimbé d’un halo de clarté qui paraissait tellement effrayante vue par ses yeux de chaton. Pourquoi tout devait toujours être gâché ? Il continuerait. Parce que suite à une simple petite piqure le monde paraissait moins menaçant, et la douleur plus douce. Il méritait peut-être la souffrance, comme tous les lâches qui se comportent comme des poids morts dans une guerre dominée par des monstres et des élus de Dieu. Oui peut-être qu’il devait avoir mal. Mais il ne le voulait pas, et parce qu’il avait envie d’être un peu heureux, il allait suivre son égoïsme légendaire. On voulait de lui qu’il soit fort, et bien sur scène il se tiendrait droit et fier et enverrait ses ennemis rejoindre les limbes. Peu importe s’il n’était qu’une ombre une fois les coulisses retrouvées, une fois le lourd rideau retombé. Il espérait simplement qu’on le laisse en paix. Même s’il souhaitait simplement être aimé de Kanda et respecté, c’était visiblement impossible. L’asiatique préférait s’attarder sur cette simple marque de piqure plutôt que sur l’adolescent qui s’accrochait désespérément à lui. Mieux valait chercher une raison de mépriser Lust, plutôt qu’une raison d’enfin l’aimer. Il le détestait. Oui, parfaitement.

Un feulement rauque s’échappa de sa gorge duveteuse, et il recula prudemment, se terrant dans son coin. Non, il ne se laisserait pas attraper. Il allait simplement attendre que Kanda quitte sa chambre et le déteste de nouveau comme s’il n’était qu’une chose pitoyable. Ce qu’il était peut-être. Pathétique, oui. La seringue de verre glissa sous ses pattes, et il la rejeta un peu plus loin. Non, il ne bougerait plus jamais d’ici, c’était bien mieux comme ça.
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MessageSujet: Re: Corps et Âme.   Corps et Âme. Icon_minitimeDim 29 Avr - 22:57

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Waiting down at the end of the corridor
Don't know this place but I swear I've been here before
The shadows dance with the pictures that hang up on the walls
I hear them laughing as I wander the halls

I'm the patient, with no patience
This operation has already failed
It's too late for resuscitation
Can't take away the pressure you make me feel

I can feel my chest heavy now
Weighing down on me, it's harder to breathe
Look in the mirror, got no color now
Another fatality

And I'm underwater
And I hate you
What you're doing to me
To me, yeah
Your voice is cold, your eyes look through me
Like they don't know me
They're faking now when there was love
It's empty

You're giving me anxiety


Kanda n’aimait pas voir les pupilles de Lust le fuir. Pas en cet instant. N’importe quand, oui. Mais en ce moment précis, alors qu’ils étaient corps à corps, tout les deux emprunts de l’odeur de l’autre, vaguement essoufflés et proches, non. Pas en cet instant de proximité que Kanda été venu chercher, en sachant parfaitement qu’il aimait cette situation. Il n’était pas venu en étant guidé par un doute. Il était venu grâce à son instinct, qui l’avait toujours guidé, après tout, mais surtout en sachant au plus profond de lui la vérité, qu’il se l’avoue ou non. Kanda était simplement une personne têtue, qui n’aimait pas douter, hésiter, et revenir sur ses décisions. Il savait faire face à ses erreurs, mais n’aimait revenir sur ses décisions temps qu’il n’y avait pas de preuves suffisamment plausibles pour lui faire changer d’avis. Douter, encore et encore, ne pouvait apporter rien de bon. Savoir se remettre en question pouvait être un avantage, mais également un désavantage en trop grande quantité. Kanda ne s’embêtait pas avec un tel loisir. Il était confiant en ces premiers choix. Et il était confiant d’être venu ici, et ne remettrait jamais ce choix en question. Pas la peine de tourner sa tête vers le passé. De laisser son regard divaguer dans un monde déjà mort et enfuie sous les couches du temps. Pas besoin de creuser au fond du sablier. Non, Kanda préférait se préoccuper du sable qui coulait en ce moment même. De faire les choix qui lui semblaient adéquats, qu’ils soient bons ou mauvais. Être venu ici avait été un bon choix, d’après lui. Car Lust l’avait accepté dans sa chambre. Et Lust avait lui-même répété de nombreuses fois qu’il souhaitait être proche de Kanda. Suffisamment de fois pour que les mots tracent leur voie dans l’esprit du ténébreux adolescent. Peut-être suffisamment pour le faire venir ici. Peut-être était-ce bien Lust qui avait guidé son choix, au final.

Mais plus que ses prunelles émeraude qui lui échappaient, ces mots qui ne faisaient qu’effleurer Kanda s’échappaient de la bouche de Lust. Perturbants à jamais. Le joueur de cartes s’amusait avec les mots d’une manière dont Yû ne serait jamais capable. Ou peut-être était-ce simplement de la sincérité. Un sentiment qui lui était inconnu et que seul Lust pouvait comprendre. Un sentiment qui échapperait probablement à jamais à un gars comme lui, bien qu’il puisse apprendre à l’accepter et à l’apprécier. Comme une de ces choses dans la vie que nous ne saisissons jamais, mais qui petit à petit se fait naturelle et donc, petit à petit encore, indispensable.

Et Kanda choisit de croire. À quoi bon continuer à questionner Lust ? Il ne pouvait le guider. Même si, subitement, dans sa tête, il avait voulu l’empêcher de faire des conneries, à présent il savait qu’il était inutile pour quelqu’un comme lui de dire aux autres ce qui était bien ou non. Il n’en était sûrement pas capable. Comment pouvait-il espérer s’expliquer le fait qu’il voulait protéger Lust, lui qui n’avait jamais personnellement protéger quelqu’un ? Se retrouver dans sa chambre, dans son lit, avec lui, était encore envisageable. Nourrir autre chose à son égard, était déjà bien plus perturbant. Kanda n’était pas encore capable de croire en la sincérité des mots de Lust, presque trop pesants. Pas tel quelle était. Peut-être vaguement, mais seulement cachée derrière un quelconque sentiment égoïste ou enfantin. Un amour intéressé. Car d’où pouvait éclore l’amour autrement ? Le temps ? Était-ce pour cela que Kanda s’était vaguement habitué à certaine personne autour de lui, tel que Hikari, Lavi, Krory, Evangeline ? Parce que le temps avait effacé, progressivement, la tension du premier croisement ? Vraiment ? N’était-ce pas simplement l’habitude qui rendait la vie de Kanda vaguement plus aisée ? Tout comme il s’était habitué à l’être qu’il était. À son but. À sa vie. Et tout comme il devait à présent s’habituer à ses sentiments. Ces sentiments qui, dans le cœur d’un vétéran, se prouvaient n’être que des nouveaux nés. Puis ce que disait Lust avait du sens. Mais encore une fois, ce gamin l’arrachait de ses habitudes. Ici, il ne pouvait pas faire de choix. Mais hésiter, il n’aimait pas. Continuer a profiter de Lust dans un moment pareil… oui, il l’aurait fait. Il aurait put le faire. Mais il ne le fit pas. Et Lust ne lui en laissa pas le choix.

Avec ce qui relevait d’un petit grognement, mêlé d’un soupir agressif, Kanda se décolla du lit lorsqu’un chaton apparu sous lui. Sans plus attendre, il se mit debout, et ses yeux sombres semblèrent abattre la forme féline et noire qui déguerpit. Et c’est ainsi que tout se brisa de manière brusque. Kanda resta planté au bord du lit. Pendant un long moment. Et bien qu’il se trouva stupide de rester debout ainsi, évitant les fines prunelles de l’animal qui avait remplacé son compagnon, il ne bougea pas. Pourquoi Lust le fuyait-il ainsi ? Lui qui avait su lui avouer un amour, ne parvenait-il donc pas à lui parler d’autres sujets plus ou moins personnels ? Bien. Qu’il fasse comme il veut. Kanda n’allait pas s’en mêler. Néanmoins, il pouvait tout à fait lui donner son avis là dessus, non ?

« Alors tu vas te piquer pour être ce que tu n’es pas ? Ce n’est qu’un raccourci inutile qui te foutra dans la merde. »

Une sorte de sourire effrayant anima le visage assombri de l’adolescent. La lumière tamisée de la pièce donnait des ombres irréelles à son visage typé. À ce visage qui était tout aussi mystérieux que le reste de son être. Kanda se plia en deux, ramassant sa veste qui jonchait à ses pieds. Il tapota son tee-shirt, lissant le tissu, et balança son uniforme sur une épaule. Enfin, il fit face à la forme qui se fondait dans le coin reculé et noir de la chambre. Il fixa sans ciller l’éclat impressionnant des yeux qui renvoyaient toute lumière qui osait frôler ses pupilles, tel deux minuscules soleils pâles dans leur pénombre. Ah. C’était vrai que les yeux des chats avaient des capacités étonnantes. Un rayon infime de lumière suffisait à nourrir leur regard infaillible. Et ce regard appartenait à présent à Lust. Mais de le voir ainsi suffisait à mettre entre eux toute la distance du monde. Toute approche entre hommes. Il savait qu’il s’agissait de Lust, mais après ce qui venait de se passer, les choses se présentaient différemment. Il avait un chat en face de lui. Un chaton, feulant au fond de sa gorge. Le bout des griffes dans le parquet. Et Kanda était debout, de toute sa hauteur. Et semblait seule dans la pièce. Poussant un soupir, il tourna le dos et s’approcha à nouveau du lit.

« Il y a d’autres moyens. Et seulement par eux pourras-tu prouver ta valeur. Regarde-toi, Lust. Tu es purement pitoyable. »

Il se pencha à nouveau, et ses doigts frôlèrent la lampe qui s’éteignit. La pièce devint totalement noire. Et dans un noir si complet, même un chat ne pouvait voir. Il n’y avait pas le moindre indice de lumière qui se glissait sous la porte. Il n’y avait pas de fenêtre. C’est pourquoi seul Kanda sentit la main glisser sur les draps, et seul Kanda apprécia leur odeur alors qu’il penchait son visage sur le doux tissu. Et seul Kanda avait le droit de voir et de sentir cela. Car ce n’était pas quelque chose qu’il partageait. Seulement quelque chose qu’il dissimulait. Ses doigts abandonnèrent les draps et il s’approcha de l’endroit où se trouvait à peu près la porte, une main devant lui. Il ferma les yeux et inspira. Il repartirait comme il était venu. Et pourtant totalement différent. Trouvant la poignée, il ouvrit la porte. S’arrêtant un moment, il laissa les mots couler ;

« Bonne nuit Lust. Je ne sais pas si je saurai me restreindre de revenir ici. »

Et il laissa retomber la porte derrière lui. Et une fois dehors, une fois libre, il sentit sa main se serrer douloureusement sur la poignée, et il inspira à nouveau, détendant ses muscles. Lâcher prise. En était-il capable ? Le souhaitait-il seulement ? Serrant les dents, il força sa main à lâcher. Il ne voulait plus voir Lust ce soir. Et non à cause de se dernier, mais à cause de lui. Il ne savoir plus comment réagir. Ni quoi dire. L’inciter à choisir une autre méthode pour être heureux alors que lui même ne cherchait aucunement à trouver le bonheur ? Mais qu’était-ce le bonheur ? S’il venait à l’attraper, saurait-il le laisser aller, ou cela serait-il aussi difficile que de lâcher cette poignet ? Que de quitter cette chambre, se cachant dans le noir complet. Fuyant. Fuyant comme il avait toujours fuit le contact humain, mais cette fois avec remord et regret. Remord pour lui, regret pour lui. À ses yeux, Lust avait des défauts, certes. Mais Kanda se découvrait les siens avec lui, et cela l’effrayait quelque peu. Il ne voulait pas se perdre. Il ne voulait pas apprendre à être différent comme Lust souhaitait le faire. Il voulait rester le même. Continuer comme il avait toujours su le faire. Et ne pas se rattacher à quelque chose de fragile. À quelque chose d’inutile. Non, il en était hors de question.
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